Album Trente Karim Ouellet

Haut les cœurs !

J’ai de la difficulté avec les journées dédiées à une cause. J’ai peur que l’on croie qu’elles suffisent à elles-mêmes, en oubliant que c’est toute l’année qu’il faut parler de certains sujets. Peut-être est-ce parce que ce mois de janvier est particulièrement difficile au Québec. Le froid glacial, la pandémie… Peut-être surtout parce que j’ai été ébranlée par le décès de Karim Ouellet. La goutte qui fait déborder le vase, ou plutôt le cœur. Alors en cette journée Bell Cause pour la cause, je ressens le besoin d’écrire ces quelques lignes.

On dit que cette journée vise à mettre fin à la stigmatisation entourant la santé mentale. Un pas vers l’autre pour entamer le dialogue et s’assurer que les gens autour de nous se portent bien. Et Dieu sait que c’est tout un exploit d’aller bien à l’heure actuelle. Les défis de notre époque sont grands et la crise que nous vivons semble les avoir exacerbés.

Mais avec le temps qui passe, les difficultés qui s’accumulent, on perd plusieurs d’entre nous au passage. Et même avant 2020, l’existence n’a jamais été facile pour toutes sortes de raisons. Pourtant, on tente par tous les moyens de fuir la détresse des autres. Comme si la tristesse était une maladie contagieuse, on s’en tient loin, de peur d’être contaminé à notre tour. On s’intéresse aux autres, mais juste assez pour ne pas s’impliquer émotionnellement, craignant de sombrer nous aussi. On n’a tellement pas les reins solides que de tendre la main à une personne en souffrance est hors de question.

Et c’est bien là qu’on se trompe. C’est l’union qui fait la force. On a besoin les uns des autres. On a besoin des êtres sensibles, de ceux et celles qui ressentent puissance 1000. On a besoin de se tenir la main, dans nos forces et nos faiblesses, de nous accepter et de cheminer ensemble. On a besoin de comprendre pourquoi c’est plus difficile pour certains, sans juger l’anxiété et la peine qui les habitent parfois trop longtemps. On a besoin de les aider à traverser ces moments douloureux. Car c’est en le faisant qu’on demeure humains.

L’imperfection, la différence et la détresse ne sont pas contagieuses. Elles font déjà partie de chacun de nous. Ouvrir son cœur à une personne qui souffre, c’est mettre fin à l’isolement dans lequel elle se trouve. C’est participer à l’espoir d’un monde meilleur, un petit geste à la fois.

On ne ressort pas affaibli de ce contact, mais grandi.

Ces derniers jours, j’écoute beaucoup les chansons de Karim Ouellet, comme si je cherchais à déchiffrer des messages codés. Sur ses notes gaies, ses paroles sont percutantes. Les injustices du monde le révoltaient. « Je te l’ai demandé milles fois, où s’en va le monde ? ».

En même temps, toutes les réponses sont là. Tous les contre-pieds au mal-être. « Je veux te dire que même dans la honte, y a des secondes, y a des secondes chances. » Oui, toutes les solutions sont là et il nous les donne.

« Mais qu’est-ce qu’on fait quand on est tout mélangé, quand le bateau coule […] quand les larmes coulent ? ».

« Haut les cœurs, haut les cœurs ! »

 

Crédit photo : Album Trente de Karim Ouellet (Coyote Records)

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4 Commentaires
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Koalisa

Je ne connaissais pas ce chanteur mais sa disparition si jeune est bien triste. Nous vivons une époque où on nous pousse à écraser les autres pour exister, où on tente de diviser les gens par tous les moyens. Comme tu dis, l’union fait la force et notre force c’est l’amour et la bienveillance, j’en suis persuadée. Gros bisous !

Daniel

Bonsoir Nathalie,

Je te remercie pour ton article intéressant. Je te comprends parfaitement surtout si tu étais fan de ce chanteur que je ne connais pas du tout. Quand quelqu’un part si jeune, ça nous touche énormément car il comment à peine à faire ça vie et c’est la différence lorsque c’est une personne âgée qui part, c’est triste mais on est moins touché. Ma cousine avait un copain qui avait une tumeur je ne sais plus où et il est décédée en 2011 si je me souviens bien à l’âge de 25 ans, ça nous avait tous touchés et la vie n’est pas juste car il commençait à peine à faire sa vie. Je suis de tout cœur avec toi.

A bientôt.